La sophrologie existentielle s'inscrit dans l’approche phénoménologique de la sophrologie. Selon différentes biographies, Alfonso Caycedo, fondateur de la sophrologie caycédienne, se serait passionné pour la phénoménologie existentielle. D’après le docteur Patrick-André Chéné, celle-ci correspondrait à une méthode technique de “recherche de la Conscience”. La pratique offre une aide active selon trois grands principes : la représentation mentale du corps vivant, ce qui correspond au schéma corporel en sophrologie, l’action positive, et la réalité objective à recréer l'équilibre du corps, autrement dit l’homéostasie.

La sophrologie existentielle étudie les phénomènes de la conscience, de toutes ses modifications possibles et de leur utilisation pratique à des fins thérapeutiques, pédagogiques, vers la recherche du mieux-être en soi.
La sophrologie existentielle s’inspire de la physiologie, la psychologie et la psychopathologie. On peut l'apparenter aux théories du psychiatre et psychothérapeute américain Irvin Yalom à propos de la philosophie existentielle et de la thérapie existentielle.
Cette pratique se concentre sur l’ensemble des phénomènes qui relèvent de l’apparition, pour emmener l’individu vers une conscience plus clairvoyante de soi et du monde.
La technique de la sophrologie existentielle repose sur l’analyse de la présence, autrement nommée méthode phénoménologique. Alfonso Caycedo se serait attaché à étudier la conscience humaine en utilisant des attitudes phénoménologiques. C'est-à-dire la croyance à la réalité extérieure du monde qui consiste à laisser venir les phénomènes qui apparaissent pendant une séance sans les juger, les comparer ou les interpréter. Cette méthode lui aurait été inspirée par l’étude de la phénoménologie husserlienne, initiée par le philosophe allemand Edmund Husserl afin d’étudier la conscience.
La méthode de la sophrologie existentielle a pour objectif d’accompagner la personne vers la réalisation de soi.
En 1990, Marc-André Bouchard dans son livre De la phénoménologie à la psychanalyse - Freud et les existentialistes américains [1], a indirectement établi une définition de la phénoménologie existentielle : “le principal de l’activité clinique consiste à cultiver l’émergence d’expériences de contact”. Par exemple, la respiration peut être considérée comme une fonction de contact du fait de l'interaction entre les poumons et l’air.
Avec l’aide du sophrologue, les personnes qui pratiquent la sophrologie existentielle apprennent à diriger leur conscience, à l’intérieur de leur corps, et à accueillir tout ce qui apparaît en elle. Baptisé principe phénoménologique par Alfonso Caycedo, cet état correspond à l’analyse de sa présence en soi, autrement dit : l’analyse existentielle.
“La sophrologie est une phénoménologie existentielle” - Alfonso Caycedo
La sophrologie existentielle compose avec les dimensions existentielles que sont la liberté, l'isolement, la mort ou encore le sens de la vie. La pratique contribue à animer la vie présente en chaque personne pour la projeter vers le moment présent, “l’exister”, dans l’ouverture de la conscience. Elle accompagne le sujet vers la liberté existentielle : la liberté d’être soi, d’agir selon ses propres choix, ses valeurs profondes. La pratique invite l’individu à se placer dans un nouveau quotidien, au profit d’une vie pleine de sens, de valeurs.
Elle guide toujours la personne dans le questionnement existentiel et l’ouverture permanente de la conscience. A travers les différents degrés de la sophrologie où tout est lié, les fondements philosophiques montrent la voie pour aller à l’essence des choses et atteindre les frontières de la conscience.
L’objectif principal de la pratique consiste à l’accomplissement intérieur de la vie.
Par le biais des exercices de relaxation dynamique et la respiration, les techniques de la pratique agissent également sur la levée de divers freins, qu’il s’agisse par exemple de blocages ou d’inhibition. La méthode intervient sur l'estime de soi et le développement des ressources internes propres à chaque individu.
Par la voie de la respiration consciente, le sophrologue invite la personne à se réapproprier son corps dans sa globalité. La pratique permet aussi de prendre du recul par rapport aux émotions négatives, ce qui empêche souvent la personne de profiter de la vie : souffrance, peur, angoisse, anxiété, culpabilité, sentiment d`impuissance, d`infériorité… Grâce à la sophrologie existentielle, les situations de stress deviennent plus faciles à gérer. En libérant le corps et l’esprit de ses tensions, la sophrologie permet de dénouer des blocages et de mieux révéler le schéma corporel.
La méthode s’adresse à tout le monde et est ouverte à tous les âges, que les personnes soient touchées par la maladie ou non. La sophrologie permet aux personnes qui suivent un traitement de reprendre contact avec leur corps de sorte à mieux gérer cette épreuve de la vie. Cette pratique accompagne notamment les personnes atteintes de maladies graves telles que le cancer par exemple.
[1] Marc-André Bouchard (1990). De la phénoménologie à la psychanalyse : Freud et les existentialistes américains. Liège, édition Mardaga.