Ce n’est plus un secret pour personne, nous avons 2 cerveaux ! Ces deux cerveaux, celui dans notre boite crânienne et celui de notre intestin sont tous deux composés de neurones et communiquent ensemble par le plus grand nerf de l’organisme, le nerf vague. Imaginons ce nerf comme une ligne téléphonique privilégiée qui fonctionne en majorité, 70 à 80%, dans le sens de notre cerveau entérique, qui est sur le terrain, vers notre cerveau central, qui lui est protégé et isolé du reste de l’organisme.
Mais qui est à l’autre bout du fil ? Qui donne ces précieuses informations ? Nous allons voir que notre deuxième cerveau n’est pas seulement composé de neurones, il fait équipe avec des milliards de bactéries plus ou moins bienveillantes qui composent notre flore intestinale. Et certaines de ces bactéries ne seraient-elles pas adeptes des canulars téléphoniques qui feraient faire les montagnes russes à notre moral ?
Un peu d’anatomie pour poser le décor
Notre intestin qui est donc notre deuxième cerveau, vous l’aurez compris, abrite 10 000 à 100 000 milliards de micro-organismes non pathogènes. Ces micros organismes sont en majorité des bactéries. Ils sont non pathogènes dans la mesure où ils ne déclenchent pas de maladie. Ils sont donc reconnus par notre système immunitaire comme apparentant à notre « soi ». En somme, ils font partie de nous et chacun possède sa propre flore intestinale avec ses différentes populations de bactéries à qui nous offrons le gîte et le couvert ! Mais je vous rassure, ils nous le rendent bien.
Cette flore est maintenant considérée comme un organe à part entière par la science. Par définition, un organe remplit une ou des fonctions et notre microbiote fait largement sa part. Il a une fonction de digestion et d’absorption des nutriments, de protection de notre barrière intestinale, un rôle dans l’immunité et dans la détoxication, mais surtout, il produit des vitamines et d’autres molécules indispensables à l’organisme dont nos neurotransmetteurs. Nous y voilà, les neurotransmetteurs, ces messagers qui permettent le bon fonctionnement et la communication entre les neurones sont aussi synthétisés par nos bactéries commensales !
Les bactéries intestinales saines produisent par exemple du GABA (acide gamma-aminobutyrique), le principal messager chimique inhibiteur qui favorise la stabilité du système nerveux et apaise l’anxiété. Mais aussi le Glutamate qui lui est impliqué dans la cognition et la mémorisation, ou encore du BDNE, celle molécule qui a le pouvoir de régénérer le cerveau. Il faut également savoir que notre sérotonine, appelée la molécule du bien-être et de la sérénité est fabriquée à 85% par les neurones de notre intestin. Que se passe-t-il donc lorsque que notre flore intestinale est de mauvaise qualité ?

Pexels
Un triste constat, la paucibiose
Nous héritons de notre flore intestinale à la naissance via un ensemencement de nos intestins par les bactéries maternelles lors du passage par les voies naturelles. Nous garderons toute notre vie environ 30% de ce microbiote maternel qui sera complété durant nos 3 premières années de vie par nos expériences de mains, jouets, cailloux et que sais-je, à la bouche !! Nous savons aujourd’hui qu’un environnement trop aseptisé dans les premières années de vie est néfaste pour notre flore et donc pour notre santé globale.
Mais ne désespérons pas, rien n’est irréversible. Les expériences montrent que notre régime alimentaire influence notre microbiote. En seulement 24 heures, nous pouvons observer des modifications positives du microbiote lors du passage d’un régime riche en graisses saturées et pauvre en fibres vers un régime pauvre en graisses saturées et riche en fibres.
Seulement, nous constatons aujourd’hui dans la population des pays occidentalisés, un appauvrissement de la flore intestinale et un déséquilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries, de plus en plus fréquent. On parle de paucibiose et de dysbiose. Cela a bien sûr un impact sur la digestion et le transit mais également sur notre santé psychique. On pourrait même parler de « névrose intestinale »
De nombreuses pathologies psychiques comme la dépression, l’anxiété, le stress chronique, les troubles obsessionnels du comportement ou encore l’autisme sont associés à des problématiques digestives. Et inversement, de nombreuses pathologies digestives comme la colopathie fonctionnelle appelée également trouble de l’intestin irritable, le SIBO ou encore la maladie de Crohn sont associées à des problématiques psychiques.
Les dernières recherches en neuro-gastro-entérologie ont constaté, entres autres, un dysfonctionnement du nerf vague entraînant une mauvaise communication entre nos deux cerveaux. Mais ces recherches ont également permis d’identifier des souches spécifiques responsables de cette bonne communication cerveau-intestin et donc d’une meilleure santé psychique.

Pexels
Un vent nouveau souffle dans la gamme des probiotiques avec les psychobiotiques
Il existe depuis plusieurs années dans les rayons des compléments alimentaires, des probiotiques, c’est-à-dire des bactéries « amies », qui vont favoriser une amélioration de notre flore intestinale. En gélules ou en sachets, ils sont composés d’une ou de plusieurs souches de bactérie vivantes, le plus souvent des lactobacilles ou des bifidobactéries. Ils sont généralement recommandés pour améliorer notre transit en luttant contre la constipation ou les diarrhées chroniques, ou encore à la suite d’une antibiothérapie.
Un psychobiotique, est donc un probiotique dont les souches ont démontré un intérêt dans les symptômes psychiques durant des études. Par exemple, la souche Lactobacillus casei administrée pendant deux mois lors d’une étude, à améliorer significativement les symptômes d’anxiété et de dépression chez des sujets souffrant d’un syndrome de fatigue chronique. Ou encore, les souches L.helveticus et B.longum ont amélioré les niveaux d’anxiété et d’humeur chez des sujets sains. La prise de probiotiques a également prouvé son efficacité dans l’amélioration des symptômes du SIBO associés à des troubles anxio-dépressifs. Nous savons également que le magnésium et le zinc, qui sont impliqués dans les problématiques de stress, d’humeur et de dépression, sont également impliqués dans la composition du microbiote intestinal et la motilité de l’intestin qui régule notre transit.
Les souches qui ont démontré des effets à ce jour sont : Bifidobacterium infantis, Lactobacillus helveticus, Lactobacillus casei et Bifidobacterium longum.
La souche Lactobacillus casei est actuellement la plus utilisée pour traiter les dépressions qui ne répondent pas aux antidépresseurs. Ces solutions ont l’avantage d’être naturelles, mais elles n’agissent pas sur toutes les dépressions ou les troubles anxieux.
Nos problématiques de santé sont bien souvent multifactorielles et peuvent avoir des causes variées. Il est donc important de se pencher sur ces causes et lorsque l’intestin est impliqué de par la qualité de son microbiote, sa motilité ou la porosité de sa muqueuse, il semblerait bien que de chouchouter nos petits hôtes ait un impact largement favorable sur notre santé digestive et psychique. Et n’oublions pas que la meilleure solution pour y parvenir est de soigner son alimentation.
Nos bactéries intestinales mangent les fibres que nous ne digérons pas. Alors à chaque repas, pensez à elle, ajoutez une dose de fibres sous forme de légumes, de légumineuses ou de fruits, elles vous le rendront bien, je vous le promets !

Pexels
Sources :
https://www.cairn.info/revue-l-information-psychiatrique-2016-10-page-825.htm
Intestins et psychismes de Delphine Bonnaud, Les éditions Biodynamques, 2029.
Les cahier de la Santé Naturelle N°81, éditions des laboratoires Copmed 2021, article d’Isabelle Leclercq.
par Alice Marie, praticienne en naturopathie du réseau Médoucine.
Trouvez un praticien en naturopathie près de chez vous sur Médoucine.
À lire aussi :